Historiquement, le shoopage ou métallisation est né de l’observation en 1909 par un Suisse, le Dr Shoop, d’un mur en ciment dans lequel du plomb s’était incrusté suite au tir d’une balle. Intéressé, le Dr Shoop va tenter d’arriver au même résultat avec un vaporisateur, puis en projetant de la poudre de plomb à travers la flamme d’un chalumeau.

Aujourd’hui, le shoopage (écrit souvent par erreur choupage) consiste à protéger l’acier par projection d’une couche de zinc qui recouvre sa surface. Cette couche de protection s'obtient également par trempage dans le zinc en fusion : c’est la galvanisation. Pour des raisons évidentes, la galvanisation s’adresse plutôt à des pièces de taille petite ou moyenne. Tremper la coque d’un grand voilier dans un bain de zinc n’est guère pratique…

La projection du zinc en fusion sur l’acier (shoopage) se fait au moyen d’un chalumeau doté d’une arrivée d’air comprimé et équipé :

-       soit d’un dévidoir à fil de zinc,

-       soit d’une trémie qui apporte au chalumeau de la poudre de zinc.

Le fil ou la poudre fond en arrivant à la flamme oxyacétylénique du chalumeau (qui peut atteindre 3000°C) et l’air comprimé pulvérise ce zinc en fusion en fines gouttelettes, et le projette à une vitesse d’environ 185 m/s. La surface, elle-même chauffée par le chalumeau, est peinte à environ 300°C et n’enferme pas de microbulle ; l’acier est ainsi complètement isolé de l’eau de mer, et de l’oxygène qui produit la rouille. La couche de zinc déposée sur l’acier est plus ou moins importante selon la vitesse de passage du chalumeau, et le débit du zinc à l’arrivée dans le chalumeau.

Le shoopage nécessite :

-       une préparation préalable de la coque par sablage à blanc (à sec, norme SA3) ;

-       la pulvérisation immédiate du zinc après le sablage (il ne faut absolument pas que de l’humidité puisse s’installer sur l’acier

-       un système de peinture (primaire et peintures époxy Jotun par exemple, on doit pouvoir obtenir des conseils des techniciens de la marque sur le type de primaire et le nombre des couches à passer, il en faudra de toute façon plusieurs). Certaines zones demanderont de passer un mastic-enduit epoxy ; il faudra attendre quatre ou cinq jours après le shoopage pour pouvoir commencer à peindre.

-       enfin, sur les œuvres mortes et le pont, 1 ou 2 couches de polyuréthane de finition et un anti-dérapant sur le pont

-       deux à trois semaines après le passage de la dernière couche de peinture époxy, on pourra passer l’antifouling.

Shoopage : sans les œuvres vives ou toute la coque et le pont ?

Les avis sont partagés. Certains disent que shoopper les œuvres vives n’est pas sain. J’ai trouvé le message suivant sur internet : « jamais les œuvres vives d'un bateau. Pourquoi? Le zinc du schoopage lors d'une fuite électrique ou d'une éraflure de la peinture se comportera comme une anode puisqu'il s'agit de zinc. Le zinc alors va se décoller en plaque lorsque la rouille s'installera. Et ensuite pour venir à bout du mal il faudra tout sabler ».

Dans la pratique, la plupart des coques shoopées me semblent l’être intégralement, et leurs propriétaires n’ont pas de problème particulier. Le problème des fuites électriques se règle en partie avec un détecteur de fuite, qui me paraît de toute façon indispensable sur un bateau doté d’une coque métallique.

 Que faire après un shoopage ?

 De façon unanime, les utilisateurs s’accordent à dire que le shoopage est la meilleure façon de protéger la coque d’un bateau de voyage en acier.

La durée de vie du shoopage, correctement effectué sur une coque régulièrement entretenue dépasse largement les 30 ans. Autre intérêt du shoopage : en cas d’éraflure de la peinture, on tombe sur une couche de zinc très dure, et liée de façon intime à l’acier, qui résiste et empêche la rouille de s’installer.

 Quand on achète une bateau acier d’occasion dont la coque a été shoopée, bien souvent on se pose la question du sablage. Faut-il sabler la coque pour éliminer les anciens antifoulings et les couches de peinture abîmées ? Le sablage, très abrasif, fera disparaître dans la foulée ce qui reste du shoopage d’origine, et qui est vraiment dommage. Un solution, trouvée sur le net, devrait être le gommage.

Moins abrasif que le sablage, et généralement utilisé pour enlever les couches d’antifouling en excès, « le gommage ou hydrogommage consiste à projeter à basse pression (0 à 6 bars) des granulats de dureté inférieure à celle du support à nettoyer. Une brumisation d'eau projetée simultanément avec les granulats évite toute poussière sur la surface de travail. Matériel : compresseur 3200 l/mn, pompe haute pression 200 bars. ». L’intérêt du gommage est que l’on peut théoriquement gommer pratiquement n’importe quoi (bois, polyester, acier, alu), à condition de respecter le principe : projeter des granulats d’une dureté inférieure à celle de la coque que l’on nettoie.

L’inconvénient de l’hydrogommage sur les coques acier est la pulvérisation d’eau : une coque acier doit être peinte aussi vite que possible après son décapage, et complètement protégée du contact avec l’eau, fût-ce la simple humidité.

Certains professionnels proposent une solution : l’aérogommage, qui ne s’accompagne pas de la brumisation d’eau. Pratiqué avec une pression un peu supérieure à celle de l’hydrogommage, l’aérogommage offre un résultat satisfaisant pour peu que le granulat projeté soit choisi correctement. Moins destructeur que le sablage lourd, il devrait permettre de préserver le shoopage et de repeindre directement une coque complètement sèche immédiatement après l’aérogommage.

 Il existe aussi des procédés de métallisation à froid, qui, à tort où à raison, me paraissent beaucoup moins efficaces et promis à une durée de vie beaucoup plus courte que le shoopage.

 NB : cet article représente la somme de mes connaissances actuelles sur le shoopage. Ces connaissances proviennent essentiellement du net, et de conversations de port. Je n’ai pas d’expérience personnelle du shoopage ; cependant, il paraît évident que si je dois acheter un bateau acier, la coque sera shoopée. Je suis donc très demandeur des commentaires de toute sorte que vous pourriez apporter à cet article.

On peut trouver sur le net une thèse de Florence Grippari (2012) publiée par l’Université de Lorraine qui reprend les différents procédés de métallisation par projection thermique (la thèse s’intéresse principalement aux effets sur la santé des fumées issues de ces projections) : http://docnum.univ-lorraine.fr/public/DDOC_T_2012_0158_GRIPPARI.pdf