Nœud français variante du Machard / French node

 

Nœud français

En 1961 le jeune grimpeur marseillais Serge Machard a 16 ans lorsqu'il invente un nouveau nœud autobloquant. Ce nœud qui appelle "spirale hélicoïdale" va très vite remplacer le nœud de Prusik dans le monde de l'alpinisme car il a l'avantage sur le Prusik de se débloquer facilement, et de beaucoup moins se coincer sur les cordes mouillées (cf. sur ce blog l'article et la vidéo consacrés au nœud de Prusik, publiés le 11 août 2016).

Nœud français

Il existe une lettre écrite de Serge Machard, datée du 28 décembre 1961 dans laquelle il décrit son invention et dessine les schémas du nœud (cette lettre est disponible sur le site du Caf de Marseille : http://cafmarseille.free.fr/spip.php?article553). Deux ans après, Serge Machard se tuera lors d'un rappel dans les Calanques, mais son nom est resté lié à son nœud.

Nœud français

Dans le "vrai" machard, l'anneau de cordelette que l'on entoure en spirale autour de la corde de rappel ne repasse jamais dans lui-même, mais revient directement au mousqueton dont il est issu. Un perfectionnement du machard d'origine, peut-être inventé par Serge Machard lui-même, consiste à repasser l'anneau dans lui-même après l'avoir spiralé autour de la corde de rappel et de faire aboutir le seul courant au mousqueton. Avantage : la taille de l'anneau avec lequel on réalise le nœud ne compte plus, alors que dans le machard d'origine le nombre des spires à installer est fonction de la taille de l'anneau de cordelette utilisé.

Cette variante du machard s'appelle le "nœud français". Quand j'ai appris à faire les nœuds autobloquants en alpinisme, le nœud français m'a été présenté comme s'appelant "machard" par des guides dont un major de l'ENSA, et j'ai contribué de bonne foi à entretenir la confusion durant des années. Confusion qui existe dans la vidéo ci-dessus, où je présente en fait la réalisation d'un nœud français et non d'un machard. Cela dit, c'est excusable quand un Conseiller technique national de la FFME déclare froidement sur YouTube : "Je vais vous expliquer comment faire un machard français" et présente ensuite... un nœud de Machard.

Sans doute plus intéressant qu'une querelle de vocabulaire et d'étymologie, voici l'usage du nœud français : 1. en montagne il sert à s'auto-assurer en rappel, voire en escalade solitaire ; il sert aussi à remonter des cordes fixes (on en utilise alors deux), se bloquer sur un rappel pour équiper une voie depuis le haut ou déséquiper une longueur qu'on vient de parcourir (le second de cordée n'arrive pas toujours à récupérer l'intégralité du matériel), etc. En mer il remplace un nœud de bosse pour récupérer la tension sur une aussière ou une écoute et en libérer une partie ; il permet aussi de s'auto-assurer sur une drisse lorsqu'on grimpe au mât du bateau.

The French node (variant machard node) belongs to the category of interlocking knots. It slides when not under tension, and freezes when it is under tenion. In climbing this knot is used to ensure when rappelling, to go along fixed ropes, and hang on ropes to work on the wall. At sea, it replaces the bump node, and frees hawsers and halyards on. It also allows you to ensure a fixed halyard when climbing the mast of the boat.

Vidéo : Comment faire un nœud français, variante du machard. Photos : Nœud français : on a besoin d'un anneau de cordelette qui servira de bosse ; Nœud français : on entoure l'aussière ou les cordes de rappel ; Nœud français : on passe une anse de l'anneau dans l'autre. Nœud français : le nœud sous tension. Auteur des photo et vidéo : Evelyne Chadaigne.

Nœud français