Vallée de la Roya, 31 octobre 2011 (auteur author Fulvio Spada)

Nous estimons que l'anticipation des conséquences du réchauffement climatique permet de diviser environ par dix les coûts financiers et le nombre des victimes. 

Ce n'est pas rien. Certains d'entre vous ont peut être entendu hier soir au journal de 20 h sur Antenne 2 quelques chiffres concernant les suites de la tempête Alex, qui a servi de déclencheur le 2 octobre 2020 à un épisode méditerranéen sur les hautes vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée. Un an après, le bilan s'établit à dix morts et huit disparus. La réouverture de la route définitive de la Roya jusqu'à Tende ne se fera pas avant la fin 2022 (la liaison ferroviaire a été rétablie à la fin du premier semestre de cette année) et va coûter 250 millions d'euros.

Avec le réchauffement climatique, l'accélération du cycle de l'eau, et des atmosphères de plus en plus humides (quand on élève la température de l'air de 1°C, celui-ci peut accueillir jusqu'à 7 % d'humidité supplémentaire), il n'y a pas besoin d'être devin pour prédire de nouvelles pluies diluviennes sur ces vallées de l'arrière-pays niçois et de futurs glissements de terrain. Il faut espérer que la nouvelle route anticipera sur ceux-ci. 

On peut juste regretter que les habitants et les élus aient eu l'air surpris par ce qui est arrivé à l'automne 2020, somme toute extrêmement prévisible. Le défaut d'information des gens et des élus locaux concernant les conséquences du réchauffement climatique coûte extrêmement cher. De nombreuses routes des Alpes-Maritimes (et d'autres départements) serpentent au fond des gorges et à flanc de montagne, bordées de hameaux et parfois de maisons isolées. Des terrains surplombant ces routes et ces constructions, qui depuis des siècles étaient considérés comme stables ne doivent plus l'être aujourd'hui en l'absence d'études sérieuses, et les hauteurs maximales atteintes par les crues des rivières au cours des siècles précédents ne doivent plus être considérés comme des limites infranchissables garantissant la sécurité des hommes et des biens. Les sécuriser coûtera une fortune à la collectivité. Mais en tout état de cause, cela coûtera bien moins cher de les sécuriser de manière préventive que de réparer une fois les catastrophes arrivées. 

Et, dans un pays comme la France où le principe est que la vie humaine n'a pas de prix, il serait temps de se souvenir que, s'il est possible de réparer une route, on ne sait pas encore ressusciter les morts. Des efforts d'anticipation sont faits dans certaines communes - pas toutes - et ils sont encore très insuffisants.

_____________________________________

We estimate that anticipating the consequences of global warming can reduce the financial costs and the number of victims by around ten.
It's not nothing. Some of you may have heard last night on the 8 p.m. news on Antenne 2 some figures concerning the aftermath of storm Alex, which triggered a Mediterranean episode in the high valleys of Roya, Vésubie and de la Tinée. A year later, the death toll stands at ten dead and eight missing. The reopening of the final road from Roya to Tende will not take place before the end of 2022 (the rail link was re-established at the end of the first half of this year) and will cost 250 million euros.
With global warming, the acceleration of the water cycle, and increasingly humid atmospheres (when the air temperature is raised by 1 ° C, it can accommodate up to 7% of additional humidity), there is no need to be a diviner to predict new torrential rains in these valleys of the Nice hinterland and future landslides. It is to be hoped that the new route will anticipate these.
We can only regret that the inhabitants and elected officials seemed surprised by what happened in the fall of 2020, all in all extremely predictable. The lack of information of people and local elected officials about the consequences of global warming is extremely expensive. Many roads in the Alpes-Maritimes (and other departments) wind through gorges and on the mountainside, bordered by hamlets and sometimes isolated houses. Land overhanging these roads and these constructions, which for centuries had been considered stable, should no longer be so today in the absence of serious studies, and the maximum heights reached by river floods in previous centuries should no longer be considered as insurmountable limits guaranteeing the safety of people and goods. Securing them will cost the community a fortune. But in any case, it will cost much less to secure them preventively than to repair once disasters have happened.
And, in a country like France where the principle is that human life is priceless, it would be time to remember that, while it is possible to repair a road, we do not yet know how to resuscitate the dead. Anticipation efforts are being made in some municipalities - not all - and they are still very insufficient.

 Photo : Vallée de la Roya, 31 octobre 2011. Auteur/author : Fulvio Spada.