Ukraine_map_(disputed_territory, author CIA)

Le second volet du 6e rapport du Giec, promettant pourtant bien plus de victimes et bien plus de personnes déplacées que la guerre déclarée par Vladimir Poutine aux Ukrainiens, est passé complètement à la trappe, écarté par les médias obnubilés par la visibilité, la proximité et l'immédiateté des victimes ukrainiennes.

Alors que le rapport insiste dans son titre (« Impact, Adaptation and Vulnerability »)sur la nécessité de l'adaptation, et donc de l'information, rien que cela suffirait à dire que la guerre en Ukraine fera des victimes bien au delà des frontières de ce pays. 

Sur le terrain, on compte plus d'un million de personnes déplacées, ce chiffre pouvant aller jusqu'à cinq millions si la guerre se poursuit. En France, les personnes qui ont profité des vacances de février pour partir en famille et en voiture au ski n'ont que peu conscience de l'influence désastreuse de leurs vacances sur le climat : véhicules, remontrées mécaniques, etc. ont créé en février un pic de consommation des énergies fossiles, et rejeté dans l'atmosphère des tonnes de CO2 dont la planète se serait bien passé. Les millions d'Ukrainiens déplacés par la guerre au péril de leur vie sont beaucoup plus polluants encore, même si eux ont l'excuse de ne pas polluer pour leur seul plaisir. Toujours en Ukraine, les colonnes des chars russes et leur aviation représentent là encore une énorme consommation d'énergies fossiles – à tel point que certaines colonnes se sont trouvées ralenties par le manque de carburant. Les convois humanitaires, les militaires français partis en Roumanie ont eux aussi un bilan carbone désastreux. Enfin, la reconstruction de tout ce qui est aujourd'hui détruit va avoir un impact environnemental non négligeable.

Croyez-vous au déterminisme historique ? 

Si tout cela s'arrêtait aujourd'hui, cela ne serait rien par rapport à ce qui va devenir inévitable par la faute de l'Europe : l'Europe est en train de mettre en place les conditions d'un conflit généralisé entre la Russie et les forces de l'Otan (moins les Etats-Unis qui laisseront tomber l'Europe tant que leurs bases ne seront pas attaquées). 

Il est intéressant de mettre en parallèle la situation des années 30 et la situation actuelle.

 

  1. La situation géopolitique en Europe dans les années 1930 et de nos jours : 

En 1930, on a un dictateur qui prend petit à petit les pleins pouvoirs en Allemagne en éliminant son opposition. Il a depuis longtemps affiché son rêve de reconstituer un grand empire allemand unifiant l'Europe, en commençant par les secteurs germanophones. Dès 1920, le programme du parti nazi exige la fusion de tous les Allemands dans une grande Allemagne, ce qui préfigure implicitement l'Anschluss. En 1925, Adolf Hitler est encore plus explicite :

« L'Autriche allemande doit revenir à la grande patrie allemande et ceci, non pas en vertu de quelconques raisons économiques. Non, non : même si cette fusion, économiquement parlant, est indifférente ou même nuisible, elle doit avoir lieu quand même. Un seul sang exige un seul Reich. »

La population allemande, humiliée par le traité de Versailles et économiquement appauvrie par le versement des dommages de guerre, est toute prête à écouter le message extraordinaire d'un leader charismatique qui lui promet qu'elle est le peuple élu, qu'elle va avoir un empire, et (cerise sur le gâteau) qu'elle n'aura pas grand chose à faire, puisqu'un chef va s'en charger : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer ».

En Russie, on a aujourd'hui un dictateur (Poutine, qui aujourd'hui gouverne seul, avec un parlement qui vit sous la menace, et s'est arrangé pour rester en poste jusqu'en 1936, après avoir contourné l'interdiction de se représenter aux élections en s'abritant derrière Medvedev, qui contrôle l'information et emprisonne les manifestants correspond bien à la définition d'un dictateur). Ce dictateur a depuis longtemps affiché son rêve de reconstituer la grande Russie, englobant à minimal tous les pays de l'ancien bloc de l'Est. Depuis longtemps aussi il se base – comme Hitler avant lui – sur la pratique de la langue Russe pour justifier ses visées sur certains territoires (Domblass, etc.).

Le parallèle avec la situation de la société russe telle qu'elle est aujourd'hui est aussi frappant : moins d'une centaine de personnes (les oligarques) trustent la majorité des richesses du pays. Corrompus et enrichis, ils sont tous proches de Poutine. Le peuple russe a produit en 2021 27.900 dollars par habitant (une richesse très inégalement répartie ; Michel Roche, professeur en sciences politiques et spécialiste de la Russie à l’UQAC estime que les 177 milliardaires russes détiennent à eux seuls une fortune estimée à un tiers de l'économie russe). Aux Etats-Unis, un citoyen moyen a produit en 2021 59.495 dollars, soit 2,13 fois plus. 

Le luxe des marques occidentales, les réseaux sociaux sont là pour montrer quotidiennement aux Russes qu'ils ont été les grands perdants de la Guerre froide. Il est facile de manipuler les gens pauvres. Quand Poutine leur promet un retour au peuple russophone unifié, un retour aux frontières de l'empire soviétique, et s'érige en tsar gouvernant seul et sans partage, cela ne vous rappelle-t-il rien ? La promesse est identique, et la cible est identique : un peuple humilié, auquel on a appris durant des décennies à considérer l'Ouest comme l'ennemi, la cause de tous les maux.

 

     2. Les essais de l'armée allemande et de l'armée russe :

Dans les deux cas, les deux armées ont besoin de se tester.

L'armée allemande va utiliser l'Espagne ravagée par la guerre civile comme terrain d'entraînement entre juillet 1936 et avril 1939, notamment pour son aviation avec la légion Condor, composée de volontaires issus de l'Armée de l'air de l'Allemagne nazie, qui va soutenir les forces du général Franco. L'aviation nazie bombardera sans discernement cibles civiles et militaires (cf. le village de Guernica entièrement détruit sous les bombes).

L'armée russe va utiliser la Syrie ravagée par la guerre civile comme terrain d'entraînement, et va se déployer à partir du 30 septembre 2015 en soutien à l'armée syrienne du président Bachar-El-Assad, accusé par ailleurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 5.051 rebelles et au moins 5.244 djihadistes de l'État islamique sont tués par les frappes aériennes russes entre le 30 septembre 2015 et le 30 mai 2019. Durant cette même période, les frappes aériennes russes tuent au moins 8.102 civils, dont 4.907 hommes, 1.225 femmes et 1.970 enfants. Aujourd'hui, l'aviation russe pilonne en Ukraine des cibles civiles, des quartiers résidentiels et des zones pavillonnaires.

 

    1. La stratégie de l'artichaut : la première feuille 

L'idée est de grignoter la cible feuille à feuille pour éviter de provoquer des réactions trop violentes.

Le 12 mars 1938 Hitler entame l'annexion le l'Autriche (l’Anschluss), sous prétexte d'unifier les peuples de langue allemande. Depuis plusieurs mois, il a soutenu des partis autonomistes, et en 1934 il a probablement commandité l'assassinat du chancelier autrichien Dolfuss, hostile à l'unification de l'Autriche avec l'Allemagne. Mais la SDN n'agira pas (l'aurait-elle pu?) et la communauté internationale fermera les yeux, la France et l'Angleterre, principaux soutiens de l'Autriche ne voulant pas d'une guerre avec l'Allemagne. Les Etats concernés n'ont pas voulu voir dans cela le début d'un plan (dont les objectifs étaient pourtant annoncés à l'avance) qui allait aboutir à la seconde guerre mondiale.

 

Le 16 mars 2014, la Russie organise sans l'autorisation de l'Ukraine un référendum en Crimée (demandant à la population si elle souhaite rejoindre la Russie), et quelques jour plus tard la péninsule de Crimée et la ville de Sébastopol sont annexées par la Russie.

Très vite des soupçons de fraude se portent sur ce référendum illégal. Mais l'ONU se contentera de condamnations, et la communauté internationale fermera les yeux, l'Europe et les Etats-Unis ne voulant pas d'une guerre avec l'Allemagne. Les Etats concernés n'ont pas voulu voir dans cela le début d'un plan (dont les objectifs étaient pourtant annoncés à l'avance) qui allait aboutir à la seconde guerre mondiale.

 

    1. La stratégie de l'artichaut : la deuxième feuille et les suivantes.

Il était évident en 1938 qu'après l'Autriche, la prochaine victime des nazis serait le territoire Sudète : germanophones comme les autrichiens, dans un pays peu armé (la Tchécoslovaquie), et sans frontière avec les grands pays militarisés d'Europe de l'Ouest. Fin septembre 1938, prenant appui sur le caractère germanophone des Sudètes (vivant aux frontières intérieures de la Tchécoslovaquie), et sur les exigences de leur chef le nazi Konrad Henlein galvanisé par l'Anschluss, Hitler envoie un ultimatum à la Tchécoslovaquie. Il y annonce qu'il annexera cette région quoi qu'il arrive le 1er octobre1938. Il sait parfaitement que cela équivaut à une déclaration de guerre avec la France et le Royaume-Uni, alliés de la Tchécoslovaquie. L'absence de réaction des Européens à l'Anschluss l'a conforté dans l'idée qu'ils ne réagiront pas non plus face à l'annexion d'une partie importante de la Tchécoslovaquie si on leur offre une porte se sortie. Il sait aussi que la France est en période électorale, période peu propice à une déclaration de guerre. Effectivement, la France mobilise ses troupes, mais sur proposition de Benito Mussolini, Hitler décide d’organiser une conférence de la dernière chance réunissant à Munich les représentants de l'Italie, du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne. Le président tchécoslovaque Benes l'est pas invité. Winston Churchill écrit alors à Lloyd George : « j’ai l’impression que nous allons devoir choisir pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j’ai assez peu de doute sur l’issue de ce choix ». Le choix est en effet celui du déshonneur, et les 29 et 30 septembre, les pays réunis à Munich entérinent l'annexion des Sudètes par l'Allemagne. Ce faisant, le Royaume-Uni et la France trahissent leurs engagements vis à vis de la Tchécoslovaquie, qui cesse de fait d'être un pays indépendant, contre la promesse de paix de Hitler. 

Six mois plus tard (le 15 mars 1939), en violation des accords de Munich, l'armée allemande envahit la Bohème et la Moravie, deux autres régions de la Tchécoslovaquie. Benes a du quitter son pays ; son successeur, Emile Hacha, ne demande pas à l'armée tchécoslovaque d'intervenir pour défendre son pays. Les autres Etats européens ne réagissent toujours pas. 

Le 22 mars 1939, la ville lituanienne de Memel est annexée par le Troisième Reich : après un ultimatum allemand,, le gouvernement lituanien est forcé de signer un traité restituant Memel à l'Allemagne. Les autres Etats européens ne réagissent toujours pas. 

Concernant la Russie, il était évident qu'après la Crimée et Sébastopol, la Russie ne s'arrêterait pas là. Le 24 février 2022, 8 ans après l'annexion de la Crimée, les armées russes envahissent d'abord le Donbass séparatiste pro-russe, puis le reste de l'Ukraine. D'une part l'Ukraine est un pays riche en ressources (céréales, minerais) dont la Russie a besoin, d'autre part, elle ouvre la voie à l'armée russe vers d'autres pays de l'ancien bloc de l'Est (la Pologne notamment). Ayant parfaitement analysé la psychologie des dirigeants européens, Poutine sait qu'ils n'interviendront pas directement. La France comme en septembre 1939 est en période électorale, personne ne veut d'une guerre en Europe, et les les USA ne rentreront pas dans une guerre à laquelle leur opinion publique est opposée. 

Pour satisfaire les opinions publiques européennes, qui condamnent unanimement l'attaque de Poutine et les crimes de guerre commis en Ukraine contre les civils, les gouvernements européens qui se refusent à intervenir militairement sur place promettent de donner à l'Ukraine du matériel militaire et notamment des avions, mais la délivrance de ces moyens est sans cesse retardée au point que le président Zelensky parlait la semaine dernière de « promesses non tenues ». Visiblement, l'espoir des gouvernements Européens était qu'une guerre éclair gagnée par l'armée russe en quelques jours les exonère de leur promesse de livraison d'armes à l'Ukraine, et que quelques jours après la mise en place à Kiev d'un gouvernement pro-russe la crise ukrainienne tombe dans l'oubli. 

On constate ainsi que les « sanctions économiques » prises par les européens et les Etats-Unis à l'encontre de la Russie n'ont pas de véritable portée : certes elles affaiblissent le rouble et contraignent la Russie à vivre en relative autarcie, mais cette autarcie c'est que relative : les pays européens continuent à acheter leur énergie (notamment le gaz) à la Russie et à la payer en devises. L'Europe veut bien « sanctionner » la Russie, mais en apparence seulement, car elle ne veut pas en payer le prix. Enfin, toutes les sanctions économiques jouent sur le moyen et long terme ; alors qu'à un contre trente, l'armée Ukrainienne ne va pas pouvoir résister très longtemps à l'armée russe, présentée comme la deuxième armée au monde. Bref, ces sanctions ne ralentissent pas l'invasion de l'Ukraine, et ne l'empêcheront pas de tomber aux mains des Russes. Une fois l'Ukraine conquise et « russifiée », que deviendront ces sanctions ? Si elles perdurent elles n'auront plus de sens, et si elles sont levées elles le seront avant d'avoir réellement agi. Bref, dans un sens comme dans un autre elles n'auront servi à rien. Poutine le sait très bien, et n'en tient donc aucun compte.

 

          5. Etape suivante : la Pologne.

Le 1er septembre 1939, un peu moins de six mois après l'annexion de la Bohème et de la Moravie, l'armée allemande envahit la Pologne, prenant prétexte de l'existence dans ce pays de populations germanophones. Ceci provoque l'entrée en guerre de la France et du Royaume-Uni qui ont des traités d'alliance avec ce pays. Wikipédia note cependant : « Mais en dépit des traités passés avec ces deux pays, et leur déclaration de guerre à l'Allemagne, les Britanniques et Français n'offrent à la Pologne qu'un soutien très limité. ». Hitler continue ainsi son plan décrit très clairement dans Mein Kampf, le livre qu'il a rédigé en prison entre 1924 et 1925. « Il annonce sans ambiguïté le programme du Parti nazi, fondé notamment sur la volonté de réunification des territoires à population germanique (le pangermansme) ainsi que la nécessité de s'assurer, en Europe de l'Est, un « espace vital » allemand. Il comporte des menaces précises, qui ont fait écrire au maréchal Hubert Lyautey : « Tout Français doit lire ce livre » (Wikipedia). 

De même que les dirigeants européens semblent avoir oublié en 1936 de lire Mein Kampf, ils semblent avoir oublié en 2022 de relire les discours de Poutine. Il est évident que les anciens territoires du bloc de l'Est qui ont des frontières avec l'Ukraine seront les prochaines cibles de Poutine : la Moldavie d'abord, un pays de petite taille dont l'invasion ne déclenchera sûrement pas de réaction de la part des gouvernements européens et donnera à l'armée russe un accès supplémentaire à la Roumanie. Les Etats baltes (Lettonie, Estonie et Lituanie), où existent des communautés russophones, seront sans doute annexés ensuite – ne serait-ce que pour des raisons stratégiques en vue de l'invasion inéluctable de la Pologne.

Le calendrier reste à découvrir – il va de toute façon s'accélérer. Poutine, rattrapé par l'âge et peut-être la maladie (il aura 70 ans en octobre), ne voudra pas mourir avant d'avoir réalisé son rêve. L'invasion de la Pologne sera sans doute réalisée avant 2030 si l'Ukraine ne sort pas vainqueur d'une guerre qu'elle mène à un contre trente.

Certes, l'Europe se mettra alors à réagir, l'Allemagne ne pouvant supporter sans intervenir qu'il y ait une guerre à ses frontières. Hélas, comme en 1939, il sera trop tard pour réagir d'une façon efficace. L'effort de guerre russe est déjà sans commune mesure avec les « projets » de l'Europe. La Russie a doublé son budget militaire entre 2004 et 2020, l'Europe envisage de consacrer 2 % de son PIB à la défense. Le rapport entre les budgets militaires des puissances des deux blocs, actuellement en faveur de l'Europe (232 milliards de dollars contre 61,7 milliards de dollars pour la Russie, chiffres de 2020) risque de s'amenuiser puis de s'inverser au cours des prochaines années. Sans parler du matériel, l'efficacité des troupes russes, entraînées à combattre sur divers terrains d'action, sera bien supérieure à celle des troupes européennes, dont les commandements auront du mal à s'unifier.

 

Comme en 1936, nous avons aujourd'hui la possibilité de tuer dans l'œuf les ambitions de Poutine, et de sauver des millions de victimes en intervenant militairement et massivement sur le territoire et dans le ciel ukrainien pour sauver le peuple ukrainien, son régime démocratique et le président Zelensky. Quand on intervient, la leçon d'Hiroshima a montré qu'il faut intervenir massivement et de façon spectaculaire. L'Europe a les moyens de le faire.

Certes, des centaines de familles des pays de UE recevront en retour des cercueils. Certes, le gaz russe cessera d'arriver. Certes, durant quelques années l'inflation sera là. Mais si nous continuons à envoyer à l'Ukraine des promesses (la liste sur Wikipédia en est impressionnante) sans agir, les morts ne se compterons plus en milliers mais en millions, et au lieu de livrer une guerre en Ukraine, nous devrons livrer une guerre d'une violence inédite sur les territoires de l'UE. Poutine se moque aujourd'hui des conventions de Genève et des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ses missiles ont la capacité de frapper Paris, Berlin, Prague et Madrid, et il a montré que détruire des immeubles civils et des zones résidentielles faisait partie de sa stratégie. L'Europe veut-elle que les immeubles des Champs-Elysées, de Unter den Linden ou de la Kurfürstendamm soient détruits sous les bombes ? La décision doit se prendre aujourd'hui, tant que le président Zelensky est encore en place. Quand il sera tué ou destitué, il sera trop tard.

Volodymyr_Zelenskyy_voted_in_parliamentary_elections_(2019-07-21)_03 (author Фото Миколи Лазаренка : The Presidential Office of Ukraine

Pour en revenir à l'environnement...

Les poissons vont être heureux, des chalutiers ont cessé d'être rentables avec l'augmentation du prix du diesel, et leurs patrons ont décidé de rester à quai. Mais globalement, il va s'agit d'un désastre écologique. Déjà aujourd'hui, pour faire face à la demande mondiale de blé, impactée par l'arrêt des exportations en provenance de la Russie et de l'Ukraine, les céréaliers français réclament une levées des contraintes environnementales : une fois encore, comme toujours, l'économie va passer avant l'environnement. Enfin, lorsque le conflit, en lui même extrêmement destructeur pour l'environnement et les écosystèmes, aura pris fin, le pire restera peut être à venir. Comme à la fin de la première et de la seconde guerre mondiale, les surplus d'armes chimiques seront vraisemblablement immergés en mer. Dans le meilleur des cas la mer d'Azov deviendra sans doute la poubelle des belligérants, dans le pire des cas, la mer Baltique deviendra le cimetière ce ces munitions (elle abrite déjà à moins de 3,5 km des côtes des dépôts de munitions chimiques issues des deux premières guerres mondiales).

Selon le site Reporterre, « La dévastation de l’environnement (en Ukraine) est une bombe à retardement ». D'une part les belligérants s'affrontent pour la première fois sur un terrain fortement nucléarisé. L'Ukraine produit 50 % de son électricité grâce à 15 centrales nucléaires qui chacune sont une source de danger sans précédent. On a frôlé de peu la catastrophe lors de l'incendie provoqué par les Russes près de la centrale de Zaporijia ; un seul coup au but sur les fragiles sarcophages de Tchernobyl provoquerait une catastrophe. Depuis que les Russes ont envahi la zone de Tchernobyl au début du conflit, « Selon la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), contactée par Reporterre le 24 février, « un certain nombre de capteurs de mesure du taux de radiation gamma ont enregistré une forte augmentation du rayonnement : une multiplication par 20, 30, voire près de 40 selon les capteurs, dans toutes les directions et jusqu’à une trentaine de kilomètres de Tchernobyl ». Les choses ne sont pas encore très claire, mais il semble que cette hausse soit due au passage des chars soulevant la poussière au sol.

Le Donbass, ou séparatistes pro-russes et armée ukrainienne s'affrontent depuis huit ans, est devenu une des régions les plus polluées d'Europe. Selon l'ONU, 530 000 hectares — dont dix-huit réserves naturelles — ont été « affectés, endommagés ou détruits » par le conflit au Donbass. L'inondation des mines a pollué le réseau hydrographique de la zone avec des métaux lourds et des produits chimiques ; on trouve désormais du strontium et du baryum dans les lacs artificiels de la région, et la pollution. Gaspard d'Allens (Reporterre) décrit ainsi la situation, dans un article publié le 2 mars 2022 : « le Donbass est une nouvelle zone rouge, dévastée et sacrifiée, à l’image de la zone d’exclusion de Tchernobyl ou de Verdun ».

La guerre en Ukraine a déjà commencé à polluer des sols de façon irréversible. Des incendies ont été allumés par les combats dans des réserves naturelles protégeant des espèces en voie d'extinction.

Des raffineries, des sites d'extraction de pétrole ont été détruits ou sont en feu, comme le montrent des images satellite. Si l'Europe laisse cette guerre s'enliser, c'est l'ensemble de l'Ukraine qui va finir par ressembler au Donbass, avec une pollution qui va nécessairement se propager petit à petit à l'ensemble de l'Europe, portée par les vents et les cours d'eau. Sur place et dans les années qui viennent, la pollution aux particules fines et aux métaux lourds issue de la destruction des sites stratégiques (qui se propage aux zones civiles) va provoquer chez les populations civiles d'inévitables problèmes de santé.

De façon un peu mélodramatique, le président Volodymyr Zelensky a parlé des soldats ukrainiens « sacrifiant leur vie pour éviter un second Tchernobyl ». Il serait grand temps que l'Europe mette en jeu autre chose que des promesses pour venir en aide à ces soldats. Il serait grand temps que l'Europe réalise que le combat de l'Ukraine est SON combat, et que si l'Ukraine du président Zelensky perd ce combat, quelques années après, ce sera l'Europe qui le perdra. On n'ose même pas imaginer alors ce que deviendra l'environnement (européen et planétaire) à l'issue d'un envahissement de l'Europe par la Russie.

 

Philippe Bensimon

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The climate, a victim of the war in Ukraine

The second part of the 6th report of the IPCC, promising yet many more victims and many more displaced persons than the war declared by Vladimir Putin on the Ukrainians, fell completely by the wayside, dismissed by the media obsessed with visibility, proximity and the immediacy of the Ukrainian victims. While the report insists in its title (“Impact, Adaptation and Vulnerability”) on the need for adaptation, and therefore for information, that alone would be enough to say that the war in Ukraine will cause victims far beyond the borders of this country. On the ground, there are more than one million displaced people, this figure could rise to five million if the war continues. In France, people who took advantage of the February holidays to go skiing with their families and by car are only slightly aware of the disastrous influence of their holidays on the climate: vehicles, ski lifts, etc. created a peak in fossil fuel consumption in February, and released tons of CO2 into the atmosphere that the planet would have done without. The millions of Ukrainians displaced by the war at the risk of their lives pollute even more, even if they have the excuse of not polluting for their sole pleasure. Also in Ukraine, the columns of Russian tanks and their air force again represent an enormous consumption of fossil fuels – so much so that some columns have found themselves slowed down by the lack of fuel. The humanitarian convoys, the French soldiers who left for Romania also have a disastrous carbon footprint. Finally, the reconstruction of all that is destroyed today will have a significant environmental impact.

Do you believe in historical determinism?

If all this stopped today, it would be nothing compared to what will become inevitable through Europe's fault: Europe is in the process of setting up the conditions for a generalized conflict between Russia and NATO forces (minus the United States, which will let Europe down until its bases are attacked). It is interesting to compare the situation of the 1930s with the current situation.

1. The geopolitical situation in Europe in the 1930s.

In 1930, we have a dictator who gradually takes full power in Germany by eliminating its opposition. He has long since displayed his dream of reconstituting a great German empire unifying Europe. From 1920, the program of the Nazi party demanded the fusion of all Germans in a greater Germany, which implicitly prefigured the Anschluss; in 1925, Adolf Hitler is much more explicit:

“German Austria must return to the great German fatherland, and this not for any economic reasons. No, no: even if this merger, economically speaking, is indifferent or even harmful, it must take place all the same. One blood demands one Reich. »
The German population, humiliated by the Treaty of Versailles and economically impoverished by the payment of war reparations, is ready to listen to the extraordinary message of a charismatic leader who promises them that they are the chosen people, that they will have an empire, and (icing on the cake) that she won't have much to do, since a leader will take care of it: "Ein Volk, ein Reich, ein Führer".
In Russia today we have a dictator (Putin, who today governs alone, with a parliament that lives under threat, and has managed to remain in office until 1936, after circumventing the ban on running for office hiding behind Medvedev, controlling information and imprisoning protesters fits the definition of a dictator). This dictator has long displayed his dream of reconstituting a greater Russia, encompassing at least all the countries of the former Eastern bloc. For a long time also he has relied – like Hitler before him – on the use of the Russian language to justify his aims in certain territories (Domblass, etc.).

The parallel with the situation of Russian society as it is today is also striking: less than a hundred people (the oligarchs) monopolize the majority of the country's wealth. Corrupt and enriched, they are all close to Putin. The Russian people produced produced in 2021 27,900 dollars per inhabitant (a very unequally distributed wealth; Michel Roche, professor of political science and specialist in Russia at UQAC estimating that the 177 Russian billionaires alone hold a third of the Russian economy). In the United States, an average citizen produced 59,495 in 2021.

The luxury of Western brands, social networks are there to show Russians daily that they were the big losers of the Cold War. It is easy to manipulate poor people. When Putin promises them a return to the unified Russian-speaking people, a return to the borders of the Soviet empire, and sets himself up as tsar governing alone is unchallenged, does that remind you of anything? The promise is the same, and the target is the same: a humiliated people, taught for decades to regard the West as the enemy, the cause of all evil.

2. German Army and Russian Army Trials

Either way, both armies need to test each other.

The German army will use Spain ravaged by the civil war as a training ground between July 1936 and April 1939, in particular for its aviation with the Condor legion, made up of volunteers from the French Air Force. Nazi Germany, which will support the forces of General Franco. The Nazi air force will indiscriminately bomb civilian and military targets (cf. the village of Guernica completely destroyed by the bombs).

The Russian army will use Syria ravaged by civil war as a training ground, and will deploy from September 30, 2015 in support of the Syrian army of President Bashar-El-Assad, also accused of crimes of war and crimes against humanity. According to the Syrian Observatory for Human Rights (OSDH), at least 5,051 rebels and at least 5,244 Islamic State jihadists were killed by Russian airstrikes between September 30, 2015 and May 30, 2019. During this same period, Russian airstrikes killed at least 8,102 civilians, including 4,907 men, 1,225 women and 1,970 children. Today, Russian aircraft are shelling civilian targets, residential neighborhoods and suburban areas in Ukraine.

3. The artichoke strategy: the first leaf

The idea is to nibble the target sheet by sheet to avoid provoking too violent reactions. On March 12, 1938 Hitler began the annexation of Austria (the Anschluss), under the pretext of unifying the German-speaking peoples. For several months, he supported the autonomist parties, and in 1934 he probably ordered the assassination of the Austrian chancellor Dolfuss, hostile to the unification of Austria with Germany. But the League of Nations will not act (could it have?) and the international community will turn a blind eye, France and England, Austria's main supporters, not wanting a war with Germany. The States concerned did not want to see in this the beginning of a plan (whose objectives were however announced in advance) which would lead to the Second World War.

On March 16, 2014, Russia organized a referendum in Crimea without Ukraine's authorization (asking the population if they wanted to join Russia), and a few days later the Crimean peninsula and the city of Sevastopol were annexed by Russia. Very quickly, suspicions of fraud fell on this illegal referendum. But the UN will content itself with condemnations, and the international community will turn a blind eye, Europe and the United States not wanting a war with Germany. The States concerned did not want to see in this the beginning of a plan (whose objectives were however announced in advance) which would lead to the Second World War.

4. The artichoke strategy: the second leaf and the following ones

It was obvious in 1938 that after Austria, the next victim of the Nazis would be Sudetenland: German-speaking like the Austrians, in a country with few weapons (Czechoslovakia), and without borders with the major militarized countries of Eastern Europe. 'Where is. At the end of September 1938, relying on the German-speaking character of the Sudetenland (living on the internal borders of Czechoslovakia), and on the demands of their leader, the Nazi Konrad Henlein galvanized by the Anschluss, Hitler sent an ultimatum to Czechoslovakia, where he announced that he will annex this region no matter what on October 1, 1938. He knows perfectly well that this amounts to a declaration of war with France and the United Kingdom, allies of Czechoslovakia. The Europeans' lack of reaction to the Anschluss confirmed him in the idea that they will not react either to the annexation of a large part of Czechoslovakia if they are offered a way out. He also knows that France is in an election period, a period not very conducive to a declaration of war. Indeed, France mobilized its troops, but on the proposal of Benito Mussolini, Hitler decided to organize a last-ditch conference bringing together in Munich the representatives of Italy, the United Kingdom, France and Germany. Czechoslovak President Benes is not invited. Winston Churchill then wrote to Lloyd George: "I have the impression that we are going to have to choose for the next few weeks between war and dishonor, and I have little doubt as to the outcome of this choice". The choice is indeed that of dishonor, and on September 29 and 30, the countries gathered in Munich endorse the annexation of the Sudetenland by Germany. In doing so, the United Kingdom and France betrayed their commitments to Czechoslovakia, which effectively ceased to be an independent country, against Hitler's promise of peace. Six months later (March 15, 1939), in violation of the Munich agreements, the German army invaded Bohemia and Moravia, two other regions of Czechoslovakia. Benes' successor who had to leave his country, Emile Hacha, did not ask the Czechoslovak army to intervene to defend his country. The other European states still do not react.

Regarding Russia, it was obvious that after Crimea and Sevastopol, Russia would not stop there. On February 24, 2022, 8 years after the annexation of Crimea, Russian armies first invaded the pro-Russian separatist Donbass, then the rest of Ukraine. On the one hand Ukraine is a country rich in resources (grains, minerals) which Russia needs, on the other hand it opens the way for the Russian army to other countries of the former bloc of the East (Poland in particular). Having thoroughly analyzed the psychology of European leaders, Putin knows that they will not intervene directly. France as in September 1939 is in an election period, nobody wants a war in Europe, and the USA will not return to a war to which their public opinion is opposed.

To satisfy European public opinion, which unanimously condemns Putin's attack and the war crimes committed in Ukraine against civilians, the European governments which refuse to intervene militarily on the spot promise to give Ukraine military equipment and in particular planes, but the delivery of these means is constantly delayed to the point that President Zelensky spoke the day before yesterday of "broken promises". Obviously, the hope of European governments was that a lightning war won by the Russian army in a few days would exonerate them from their promise to deliver arms to Ukraine, and that a few days after the establishment in Kiev of a pro-Russian government the Ukrainian crisis falls into oblivion. It can thus be seen that the "economic sanctions" taken by the Europeans and the United States against Russia have no real impact: certainly they weaken the ruble and force Russia to live in relative autarky, but this autarky is only relative: European countries continue to buy energy (especially gas) from Russia and pay for it in foreign currency. Europe wants to "sanction" Russia, but only in appearance, because it does not want to pay the price. Finally, all the economic sanctions have an impact on the medium and long term, whereas at one against thirty, the Ukrainian army will not be able to resist the Russian army for very long, presented as the second army in the world. In short, these sanctions do not slow down the invasion of Ukraine, and will not prevent it from falling into Russian hands. Once Ukraine has been conquered and “Russified”, what will become of these sanctions? If they persist they will no longer have any meaning, and if they are lifted they will be before they have actually acted. In short, in one way or another they will have been useless. Putin knows this very well, and therefore ignores it.

5. Next stop: Poland.

On September 1, 1939, six months after the annexation of Bohemia and Moravia, the German army invaded Poland, using the pretext of the existence of German-speaking populations in this country. This causes the entry into the war of France and the United Kingdom which have treaties of alliance with this country. Wikipedia notes, however: "But despite the treaties with these two countries, and their declaration of war on Germany on , the British and French offer Poland only very limited support. ". Hitler thus continued his plan described very clearly in Mein Kampf, the book he wrote in prison between 1924 and 1925. pan-Germanism) as well as the need to ensure a German "living space" in Eastern Europe. It includes specific threats, which caused Marshal Hubert Lyautey to write: “Every Frenchman must read this book” (Wikipedia).

Just as European leaders seem to have forgotten in 1936 to read Mein Kampf, they seem to have forgotten in 2022 to re-read Putin's speeches. It is obvious that the former territories of the Eastern bloc which have borders with Ukraine will be Putin's next targets: first of all Moldova, a small country whose invasion will surely not trigger a reaction from from European governments and will give the Russian army additional access to Romania. The Baltic States (Latvia, Estonia and Lithuania), where there are Russian-speaking communities, will no doubt be annexed later – if only for strategic reasons in view of the inevitable invasion of Poland. The timetable remains to be discovered – it will accelerate anyway. Putin, overtaken by age and perhaps illness (he will turn 70 in October), will not want to die until he realizes his dream. The invasion of Poland will probably be carried out before 2030 if Ukraine does not emerge victorious from a war that it is waging one against thirty.

Admittedly, Europe will then begin to react, Germany not being able to bear without intervening that there is a war on its borders. Unfortunately, as in 1939, it will be too late to react effectively. The Russian war effort is already disproportionate to Europe's "projects" (devoting 2% of its GDP to defence), and the gap between the military powers of the two blocs will continue to widen over the of the next few years. Without speaking about the material, the effectiveness of the Russian troops, trained to fight on various fields of action, will be much higher than that of the European troops. As in 1936, today we have the possibility of nipping Putin's ambitions in the bud, and of saving millions of victims by intervening militarily and massively on the territory and in the skies of Ukraine to save the Ukrainian people, their regime Democratic Party and President Zelensky. When we intervene, the lesson of Hiroshima has shown that we must intervene massively and in a spectacular way. Europe has the means to do so. Of course, hundreds of families from EU countries will receive coffins in return. Of course, Russian gas will stop coming. Admittedly, inflation will be there for a few years. But if we continue to send promises to Ukraine (the list on Wikipedia is impressive) without taking action, the dead will no longer be counted in the thousands but in the millions, and instead of fighting a war in Ukraine, we will have to fight a war of unprecedented violence on EU territories. Putin today mocks the Geneva Conventions and accusations of war crimes and crimes against humanity. Its missiles have the capability to strike Paris, Berlin, Prague and Madrid, and it has shown that destroying civilian buildings and residential areas is part of its strategy. Does Europe want the buildings on the Champs-Elysées, Unter den Linden or Kurfürstendamm to be destroyed by bombs? The decision must be taken today, as long as President Zelensky is still in office. When he is killed or deposed, it will be too late.

Coming back to the environment...

The fish will be happy, trawlers have ceased to be profitable with the increase in the price of diesel, and their bosses have decided to stay at the quay. But overall, it's going to be an ecological disaster. Already today, to meet the global demand for wheat, impacted by the halt in exports from Russia and Ukraine, French grain producers are calling for the lifting of environmental constraints: once again, as always, the economy will come before the environment. Finally, when the conflict, in itself extremely destructive for the environment and ecosystems, has ended, the worst may still be to come. As at the end of the First and Second World Wars, surplus chemical weapons will probably be dumped at sea. In the best case the Sea of ​​Azov will undoubtedly become the dustbin of the belligerents, in the worst case, the Baltic Sea will become the cemetery for this ammunition (it already shelters chemical ammunition depots from the first two world wars less than 3.5 km from the coast). According to the Reporterre website, “The devastation of the environment (in Ukraine) is a ticking time bomb”. On the one hand, the belligerents confront each other for the first time on a highly nuclearized terrain. Ukraine produces 50% of its electricity thanks to 15 nuclear power plants, each of which is a source of unprecedented danger. We came very close to disaster when the fire caused by the Russians near the Zaporijia power station; a single hit on the fragile Chernobyl sarcophagi would spell disaster. Since the Russians invaded the Chernobyl zone at the start of the conflict, "According to the Commission for Independent Research and Information on Radioactivity (Criirad), contacted by Reporterre on February 24, "a number of sensors measuring the rate gamma radiation recorded a strong increase in radiation: a multiplication by 20, 30, or even nearly 40 depending on the sensors, in all directions and up to about thirty kilometers from Chernobyl”. Things are not yet very clear, but it seems that this increase is due to the passage of tanks raising dust on the ground.

The Donbass, where pro-Russian separatists and the Ukrainian army have been fighting each other for eight years, has become one of the most polluted regions in Europe. According to the UN, 530,000 hectares - including eighteen nature reserves - have been "affected, damaged or destroyed" by the conflict in Donbass. The flooding of the mines has polluted the area's water system with heavy metals and chemicals; strontium and barium are now found in artificial lakes in the region, and pollution. Gaspard d'Allens (Reporterre) describes the situation as follows, in an article published on March 2, 2022: "Donbass is a new red zone, devastated and sacrificed, like the Chernobyl or Verdun exclusion zone". The war in Ukraine has already started to pollute the soil irreversibly. Fires have been started by fighting in nature reserves protecting endangered species. Refineries, oil extraction sites have been destroyed or are on fire, as satellite images show. If Europe lets this war get bogged down, the whole of Ukraine will end up resembling the Donbass, with pollution that will inevitably spread little by little to the whole of Europe, by winds and waterways. On the spot and in the years to come, pollution with fine particles and heavy metals resulting from the destruction of strategic sites (which is spreading to civilian areas) will cause inevitable health problems among civilian populations. Somewhat melodramatically, President Volodymyr Zelensky spoke of Ukrainian soldiers “sacrificing their lives to avoid a second Chernobyl”. It is high time that Europe involved something other than promises to come to the aid of these soldiers. It is high time for Europe to realize that Ukraine's fight is HIS fight, and that if President Zelensky's Ukraine loses this fight, a few years later, it will be Europe that will lose it. We do not even dare to imagine then what will become of the environment (European and planetary) at the end of an invasion of Europe by Russia. 

Philippe Bensimon

Photos : Ukraine_map_(disputed_territory, author CIA) ; Volodymyr Zelenskyy and his wife voted in parliamentary elections (2019-07-21) 03 (author Фото Миколи Лазаренка / The Presidential Office of Ukraine.).jpg