Herbier de posidonies (Posidonia oceanica) observé à La Ciotat (France), 2 juillet 2021 (auteur author Frédéric Ducarme)

La Méditerranée se trouvait il y a une dizaine de jours à 5°C au dessus de ses moyennes saisonnières. Une température de 26°C qui fait la joie des baigneurs et des méduses, mais qui ne va pas sans risques. Risques d'une part pour les écosystèmes, perturbés par l'arrivée de centaines d'espèces invasives attirées par la chaleur nouvelle : barracudas, etc., arrivées souvent de la Mer Rouge par le canal de Suez (ce qu'on appelle les espèces « lessepsiennes »). On voit ainsi aujourd'hui des bancs de barracudas circuler en Méditerranée, là où de temps en temps on apercevait quelques rares individus isolés. Risques aussi pour les coraux et les gorgones, qui ne supportent pas la chaleur, risques aussi pour les posidonies, font les herbiers marins forment à la fois une nurserie, une nourriture et un abri pour de très nombreuses espèces marines. Avec le réchauffement, on risque de voir disparaître ces écosystèmes indispensables, déjà très menacés par la chaleur sur les côtes des Baléares.

On risque aussi de voir apparaître avec le réchauffement de l'eau de mer de plus en plus de zones dans lesquelles les gaz dissous nécessaires à la vie marine (oxygène et gaz carbonique) ne seront plus présents en quantité suffisante, provoquant la disparition des espèces ou leur migration vers des eaux plus froides. La Méditerranée, mer la plus pêchée, et aussi la plus polluée, risque ainsi de se vider encore un peu plus. 

Risques d'autre part pour les hommes, avec l'accroissement en fréquence et en intensité d'évènements météorologiques violents.

 

  • schéma d'un épisode cévenol (auteur author Babsy, 5 novembre 2014)

    Les « épisodes cévenols » sont dus normalement à la chaleur de la Méditerranée à la fin de l'été, combiné à un centre dépressionnaire sur le proche Atlantique sui crée un vent de sud en Méditerranée. Les eaux de surface s'évaporent, créant un air très humide qui, lorsqu'il rencontre les montagnes des Cévennes, s'élève au flanc de celles-ci jusqu'à rencontrer des couches d'air froid au contact desquelles il condense – d'où les pluies diluviennes et les inondations qui s'ensuivent. Ces évènements vont sans doute survenir désormais plus fréquemment et plus tôt dans la saison. Le même mécanisme s'applique à d'autres massifs que les Cévennes (Préalpes par exemple) où il forme des « épisodes méditerranéens » tout aussi dangereux.

     

  • Les ouragans. Jusqu'ici concentrés sur la Grèce (ces dernières années, c'est le nord du Péloponnèse et les îles de la mer Ionienne qui ont été dévastées), les ouragans sont des « machines de Carnot » basées sur un échange d'énergie entre une source chaude constituée d'une colonne d'eau à 26°C sur 50 m de profondeur, et la troposphère qui sert de source froide. Lorsque ces conditions sont remplies, rajoutez un zeste de force de Coriolis pour mettre tout ça en rotation et vous obtenez un ouragan (je schématise, mais c'est à peu près ça). On a donc des chances de voir les ouragans réapparaître à la fin de l'été 2022 en Grèce. Dans les trente années qui viennent, avec le réchauffement climatique dont la courbe va crescendo, la façade ouest de la Corse sera sans doute également touchée par les ouragans.

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The Mediterranean is now 5°C above its seasonal averages. A temperature of 26°C which delights swimmers and jellyfish, but which is not without risk. Risks on the one hand for the ecosystems, disturbed by the arrival of hundreds of invasive species attracted by the new heat: barracudas, etc., often arriving from the Red Sea through the Suez Canal (so-called “Lessepsians”). We thus see today schools of barracuda circulating in the Mediterranean, where from time to time we saw a few rare isolated individuals. Risks also for corals and gorgonians, which cannot stand the heat, risks also for Posidonia, make seagrass beds form a nursery, food and shelter for many marine species. With global warming, we risk seeing the disappearance of these essential ecosystems, already very threatened by the heat on the Balearic coasts.

There is also a risk that with the warming of sea water, more and more areas will appear in which the dissolved gases necessary for marine life (oxygen and carbon dioxide) will no longer be present in sufficient quantity, causing the disappearance of species. or their migration to colder waters. The Mediterranean, the most fished sea, and also the most polluted, thus risks being emptied a little more.

Risks on the other hand for men, with the increase in frequency and intensity of violent meteorological events.

- The "Cévennes episodes" are normally due to the heat of the Mediterranean at the end of the summer, combined with a low pressure center over the near Atlantic which creates a southerly wind in the Mediterranean. Surface water evaporates, creating a very humid air which, when it meets the mountains of the Cévennes, rises on the side of these until it encounters layers of cold air on contact with which it condenses – d 'where the heavy rains and subsequent flooding. These events are likely to occur more frequently and earlier in the season now. The same mechanism applies to massifs other than the Cévennes (Pre-Alps) where it forms equally dangerous “Mediterranean episodes”.

- Hurricanes. Until now concentrated on Greece (in recent years, it is the northern Peloponnese and the islands of the Ionian Sea which have been devastated), hurricanes are "Carnot machines" based on an exchange of energy between a hot spring consisting of a column of water at 26°C over a depth of 50 m, and the troposphere which serves as a cold spring. When these conditions are met, add a dash of Coriolis force to put it all in rotation and you get a hurricane (I'm oversimplifying, but that's about it). There is therefore a possibility of seeing hurricanes reappear at the end of summer 2022 in Greece. In the next thirty years, with global warming whose curve will crescendo, the western facade of Corsica will undoubtedly also be affected by hurricanes.

Photos : schéma d'un épisode cévenol (auteur/author : Babsy, 5 novembre 2014) ; Eunicella singularis (Esper, 1794), Alcyonium acaule Marion, 1878, Spirastrella cunctatrix Schmidt, 1868 - Banyuls-sur-Mer, Sec de Rédéris : 08/84 (auteur/author : Parent Géry, 26 novembre 2010) ; Herbier de posidonies (Posidonia oceanica) observé à La Ciotat (France), 2 juillet 2021 (auteur/author : Frédéric Ducarme

Eunicella_singularis_(Esper,_1794)_2 (Eunicella singularis (Esper, 1794), Alcyonium acaule Marion, 1878, Spirastrella cunctatrix Schmidt, 1868 - Banyuls-sur-Mer, Sec de Rédéris (auteur author Parent Géry, 26 novembre 2010)