La biodiversité se détériore de plus en plus, et si rien n'est fait pour améliorer les choses, cela ira en empirant, dans les mers comme sur terre. Aujourd'hui, 80 % des espèces marines en Méditerranée sont menacées. 80 % des insectes ont disparu en Europe. 90 % des requins ont disparu de la planète (et même 95 % des requins pélagiques).

Il est grand temps de tirer la sonnette d'alarme, alors que la sixième extinction des espèces est déjà entamée. Il est aussi grand temps que les gens réalisent que la doctrine d'Emmanuel Macron ("l'homme passera toujours avant l'environnement") est profondément dangereuse. L'homme fait partie de l'environnement. Sans lui, il n'est rien et meurt. L'homme a besoin pour vivre d'un climat qui lui soit favorable, le climat relève d'un fragile équilibre pour le maintien duquel l'océan tel que nous le connaissons actuellement est indispensable ; et l'océan pour jouer son rôle de puits de carbone a besoin de la biodiversité. Tout est lié. Pour vivre l'homme a besoin des insectes qui asurent la pollinisation, et aussi des requins. C'est la raison pour laquelle nous co-signons aujourd'hui la tribune ci-dessous, alors que l'ONU réunit les gouvernants de la planète à Montréal (Canada) du 7 au 19 décembre 2022 pour une COP 15 biodiversité dans laquelle la France aura du mal à faire croire au sérieux de ses positions.
COP15 - No Paris Without Montreal

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Page 4 COP15 - No Paris Without MontrealPage 5 COP15 - No Paris Without MontrealL'Expédition Tour des deux Amériques a co-signé cette tribune,  dont voici la traduction en français : 

 

La déclaration « Pas de Paris sans Montréal » : à la COP15, 85 organisations appellent les dirigeants mondiaux à redresser le navire pour l'océan et sa biodiversité

La 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique (CDB) aura lieu du 7 au 19 décembre à Montréal, Canada. Cette COP devrait adopter le cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020, une feuille de route pour guider les actions visant à enrayer la perte de biodiversité d'ici 2030 et à parvenir à la reprise d'ici 2050. Ce moment charnière pour la biodiversité de notre planète est une occasion incontournable de maintenir et de restaurer la santé de notre l'océan mondial et veiller à ce qu'il continue de réguler le système climatique.

La communauté océanique appelle à l'action à travers la déclaration "Pas de Paris sans Montréal" portée par 85 organisations d'acteurs non étatiques - ONG, fondations, instituts scientifiques, OI, entités onusiennes, entreprises et institutions financières, sous la coordination de l'Ocean & Plateforme Climat. Construite autour de 12 recommandations clés, cette déclaration appelle les Parties à la CDB à établir un cadre politique ambitieux pour « redresser le navire pour l'océan et sa biodiversité », jetant ainsi des ponts entre la biodiversité et les régimes climatiques, en soutien à l'Accord de Paris et permettant l'Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable. Sur la table des négociations, l'adoption de l'objectif « 30 by 30 » - visant à protéger au moins 30 % des terres et des océans à l'échelle mondiale d'ici 2030 - sera absolument cruciale pour atteindre ces objectifs.

 

Il n'y a pas d'avenir sans un océan sain

De nos côtes aux profondeurs abyssales, l'océan est le plus grand espace de vie sur Terre. Au carrefour de tous les défis majeurs auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui, l'océan nous relie, nous soutient et nous soutient tous. La fonctionnalité des écosystèmes océaniques doit être maintenue et restaurée pour continuer à fournir ses nombreux services et avantages à la nature et aux personnes. En effet, un océan sain et riche en biodiversité régule le climat, protège nos côtes, fournit une nourriture abondante et nutritive, assure le bien-être, préserve le patrimoine culturel et soutient les moyens de subsistance de milliards de personnes.

À la lumière de cela, la déclaration « Pas de Paris sans Montréal » appelle à « veiller à ce que tous les moteurs de la perte de biodiversité marine et côtière, tant sur terre qu'en mer, soient correctement pris en compte dans le cadre » ; ainsi que pour « prendre des mesures pour conserver, restaurer et utiliser durablement les écosystèmes marins et côtiers critiques ». Pour ce faire, il est crucial de "minimiser les pressions anthropiques sur les écosystèmes et les espèces impactés par le changement climatique et l'acidification des océans, et de réduire la pollution côtière et les excès de nutriments qui nuisent au fonctionnement des écosystèmes". Il est temps de redresser le navire pour l'océan et sa biodiversité. Lors de la COP15, les dirigeants mondiaux doivent redoubler d'ambition et d'action pour fournir un cadre politique global dans le cadre de la CDB, comprenant des objectifs ambitieux pour la protection efficace de la vie marine.

 

Protéger au moins 30% de l'océan d'ici 2030 : une priorité pour assurer l'intégrité de l'océan et les nombreux services vitaux qu'il rend à la nature et aux hommes

Dans son rapport Impacts, Adaptation and Vulnerability (2022), le GIEC indique que moins de 8 % de la surface des océans est couverte par un régime de protection, les niveaux actuels de protection et de gestion étant insuffisants pour limiter les dommages supplémentaires causés par les activités humaines. Pour maintenir l'intégrité de l'océan et de ses écosystèmes et protéger les personnes qui en dépendent, la communauté des océans appelle à la protection d'au moins 30 % de l'océan dans le monde dans les eaux nationales et les zones situées au-delà des juridictions nationales (comme défini par l'article 4 de la Convention). Alors que l'objectif de protéger 10 % des océans d'ici 2020 dans le cadre des Objectifs d'Aichi était politique, l'objectif dit « 30x30 » est scientifique. En effet, un nombre croissant de preuves indique qu'une protection de 30 % est probablement à la limite de la suffisance pour « assurer les services écosystémiques essentiels » (GIEC, 2022), et nécessitera une protection solide et une bonne gestion. Le « 30x30 » est une étape nécessaire, pas un point final.

Arrêter et finalement inverser la perte de biodiversité marine ne peut être atteint uniquement par la conservation et la restauration. Cet objectif de conservation doit aller de pair avec des mesures fortes pour s'attaquer aux moteurs sous-jacents de la perte de biodiversité et gérer durablement les 70 % restants de l'océan. Les peuples autochtones, les communautés locales et les autres utilisateurs traditionnels des ressources, qui sont les plus proches des ressources, doivent jouer un rôle central dans l'utilisation et la gestion durables de l'océan.

 

Étendre le mandat du programme d'action pour la nature et les populations afin de stimuler l'action et les flux financiers

Les acteurs non étatiques sont des agents de changement et des moteurs d'ambition accrue. Le Partenariat de Marrakech pour l'action mondiale pour le climat (MP-GCA), un espace dédié aux acteurs non étatiques dans le cadre de la Convention sur le climat, a joué un rôle déterminant dans l'ancrage de l'océan dans les négociations et les stratégies internationales sur le climat. A l'inverse, il n'existe pas encore d'équivalent robuste au titre de la Convention Biodiversité puisque l'Agenda d'Action pour la Nature et les Hommes (AANP) reste une plateforme d'engagement volontaire. L'extension de son mandat pourrait changer la donne dans la manière dont les acteurs de l'océan mobilisent et influencent les décideurs pour conduire des actions concrètes et des flux financiers pour l'océan, ses écosystèmes et ses ressources. Par conséquent, la déclaration « Pas de Paris sans Montréal » appelle à l'extension du mandat du programme d'action « en tant que vecteur clé de la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020 », reconnaissant l'importance et le potentiel de l'approche pansociétale pour accélérer action. Tous les travaux déjà entrepris dans le cadre du MP-GCA pourraient aider à opérationnaliser son homologue de la biodiversité et ouvrir la voie à une approche holistique et coordonnée. Les deux programmes d'action pourraient créer de nouvelles formes de collaboration pour atteindre des objectifs communs et faire face conjointement aux crises du climat et de la biodiversité.

 

Le cadre post-2020 est une occasion unique d'inverser la tendance et de restaurer avec succès la santé de notre océan mondial. Elle doit être la pierre angulaire d'une gouvernance internationale ambitieuse et holistique pour la protection de la biodiversité mondiale. Cela ne peut être réalisé que par une volonté politique accrue, soutenue par des acteurs non étatiques et un soutien financier adéquat, et motivée par la science. Trente ans après l'adoption des conventions de Rio sur la biodiversité, le climat et la désertification, et dans un contexte de crises multiples, les projecteurs sont désormais braqués sur la COP15, à Montréal, et les attentes sont fortes. Aujourd'hui plus que jamais, il est temps de revendiquer la pertinence du multilatéralisme et d'utiliser à la fois les pouvoirs diplomatiques et la mobilisation des acteurs non étatiques pour assurer le succès.

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Biodiversity is deteriorating more and more, and if nothing is done to improve things, it will get worse, in the seas as well as on land. Today, 80% of marine species in the Mediterranean are threatened. 80% of insects have disappeared in Europe. 90% of sharks have disappeared from the planet (95% of pelagic sharks).

It is high time to sound the alarm, as the sixth species extinction has already begun. It is also high time that people realize that Emmanuel Macron's doctrine ("man will always come before the environment") is deeply dangerous. Man is part of the environment. Without him, he is nothing and dies. To live, man needs a climate that is favorable to him, the climate depends on a fragile balance for the maintenance of which the ocean as we know it today is essential, and the ocean to play its role as a sink of carbon needs biodiversity. Everything is connected. To live man needs insects that ensure pollination, and also sharks. This is why we are co-signing the forum above today, as the UN brings together the rulers of the planet in Montreal (Canada) from December 7 to 19, 2022 for a COP 15 biodiversity in which the France will find it difficult to make people believe in the seriousness of its positions.