Dauphin, Golfe de Corinthe, avril 2018 (auteur/author : Philippe Bensimon)Nous venons de recevoir ce message de l'association Bloom signé Claire Nouvian, que nous relayons car il est important et met en évidence la politique de la France en matière de protection de l'océan. Certains s’appuient sur le retour d'une famille de dauphins dans la rade du Frioul pour se donner bonne conscience. Cependant, je peux vous certifier que dans d'autres endroits on voit de moins en moins de dauphins. C'est aujourd'hui le cas dans tout l'Adriatique, et c'était le cas également en Grèce il y a quelques années. Je vais retourner en mer Egée à la Toussaint en ensuite dans le Golfe de Corinthe et en mer Ionienne en décembre. J'espère y revoir des populations importantes de dauphins, comme ou pouvait en trouver il y a quelques années (cf. la vidéo ci dessous) . Je suis peu optimiste, la Méditerranée étant une des mers les plus pêchées au monde et les gouvernements freinant des quatre fers contre l'instauration de quotas de pêche suffisants. Certes ces quotas ont permis le retour du thon rouge en Méditerranée. Mais de nombreuses espèces sont encore sur-pêchées, et les pêcheurs entrent aujourd'hui en concurrence avec des espèces invasives, notamment lessepsiennes, comme les barracudas qui envahissent de plus en plus la Méditerranée. Il y a une urgence à réaliser que la mer ne peut pas produire autant de "produits de la mer" (poissons, coquillages, crustacés, algues, etc.) que nous en consommons (deux fois trop pour un terrien moyen, trois fois trop pour un Français moyen). Si nous n'arrêtons pas le massacre, nous pays développés qui assassinons la mer pour notre simple plaisir (nous pouvons très bien nous passer de manger du poisson), nous allons priver un peu plus d'un milliard d'hommes sur la planète de ce qui est leur alimentation de base. Le rapport 2018 du FAO est clair sur le sujet : si nous perdons la biodiversité marine - ce que nous sommes en train de faire - la conséquence des famines sera sur la Terre entière l'apparition de zones de violence et de déstabilisation politique. Déjà aujourd'hui, le développement des zones de pirateries au large de la Côte d'Ivoire, de la Mauritanie et du Sénégal devrait alerter les gouvernements sur les dangers de la pêche au chalut, une pratique responsable d'une prise sur deux dans le monde, et qui devrait être strictement interdite dans le monde entier. Hélas, le gouvernement français, qui s'est battu pour obtenir de la Commission Européenne le droit de chaluter et de draguer dans ce qu'on appelle de manière ridicule des Aires Marines Protégées, est bien loin de cette voie.

Bonne lecture !

Philippe Bensimon 

 

Dauphins en France : alerte extinction

Paris, le 21 septembre 2023 

Chers soutiens, 

Les dauphins ont besoin de nous, et de toute urgence. 

Jusqu’à 10 000 dauphins et marsouins meurent chaque année le long des côtes françaises, de la Bretagne au Pays basque. La situation est devenue si critique que les scientifiques estiment que les petits mammifères marins risquent l’extinction régionale.

Mais le gouvernement a renoncé à protéger les dauphins et laisse perpétrer le massacre.

Il nous reste une semaine pour convaincre le gouvernement d'agir : une consultation publique est ouverte jusqu’au 28 septembre 2023, nous permettant de faire entendre nos voix.

Le carnage a trop duré

Depuis des années, les dauphins et marsouins communs s’échouent par milliers sur nos plages atlantiques. Les chercheurs de l’observatoire PELAGIS à La Rochelle ont calculé que pour 1 000 échouages visibles, entre 5 000 et 10 000 dauphins meurent en mer de façon "invisible" car leurs carcasses coulent à pic.

C’est une hécatombe.

Les dauphins vivent jusqu’à 40 ans mais ne se reproduisent qu’entre 8 et 15 ans. Ils ne font qu’un petit à la fois, après une gestation de 10 mois. Cette fertilité faible et tardive les rend extrêmement vulnérables. 

→ Voir "Pourquoi tant de dauphins échoués sur les plages ?", Journal du CNRS

Quelle est la cause de leur décès ?

Pourquoi les dauphins et les marsouins meurent-ils en masse ? 

A cause de nous. A cause de notre désir de consommer du bar ou du merlu.

C’est tout.

En effet, 90% des dauphins échoués dans le golfe de Gascogne sont morts piégés dans des filets de pêche.

Mais s’il est possible d’indemniser les pêcheurs pour qu’ils suspendent leurs activités ou qu’ils se convertissent à des méthodes de pêche douces, compatibles avec la préservation des populations de cétacés, il est impossible de sauver les dauphins autrement qu’en cessant de déployer des filets dans tout le golfe de Gascogne. 

Les mammifères marins évoluent depuis des millions d’années dans un océan libre, dénué de pièges, sans avoir à lutter contre des murs de fils de nylon invisibles dans lesquels ils ne peuvent que finir mortellement emmaillotés.

Malgré deux mises en demeure par la Commission européenne et une situation devenue hors de contrôle, la France a fait la sourde oreille et n’a pris aucune mesure. Les ONG ont dû monter au créneau.

La mobilisation sans faille des ONG

Des associations environnementales comme France Nature Environnement, Sea Shepherd France, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et Défense des Milieux Aquatiques ont dénoncé sans relâche le massacre des dauphins en cours. Les associations ont même saisi le Conseil d’État pour mettre fin à la disparition programmée des petits cétacés dans le golfe de Gascogne. 

Et elles ont gagné la première manche !

Le 20 mars dernier, le Conseil d’État a enjoint au gouvernement de "prendre des mesures de fermeture de la pêche appropriées sous six mois" pour éviter l’extinction régionale du dauphin et du marsouin communs.

La réponse clientéliste du gouvernement

L’exécutif avait jusqu’au 20 septembre pour agir, mais malgré la mort de milliers de dauphins supplémentaires, le gouvernement a attendu la dernière minute pour sortir un projet d’arrêté honteux.

Celui-ci balaie tout simplement les recommandations scientifiques qui préconisaient, comme conditions minimales pour permettre d’assurer la survie des espèces, de fermer les pêcheries à risques quatre mois par an  dans l’ENSEMBLE du golfe de Gascogne.

Or le projet d’arrêté publié par le gouvernement ne propose qu’une fermeture d’un mois par an de la pêche et uniquement dans certaines zones du golfe de Gascogne.

Et devinez qui était à la manœuvre pour protéger les intérêts des pêcheurs au mépris de la biodiversité marine ? Le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville… 

Encore lui !

Le retour du ministre-lobbyiste : le secrétaire d'État Hervé Berville

Vous rappelez-vous d’Hervé Berville ? C’est le secrétaire d’Etat-lobbyiste du chalut breton qui avait affirmé en mars dernier qu’il était "totalement, clairement et fermement opposé" à la protection de l’océan.

Cette fois, il est déterminé à "totalement, clairement et fermement" laisser les dauphins se faire massacrer par les filets de pêche. Il a gagné le "bras de fer" contre le ministre de la transition écologique Christophe Béchu, avec l’appui de Matignon.

C‘est lamentable. 

Mais pas question de laisser des politiques cyniques détruire le monde vivant sans se battre. 

Sept jours pour agir

Ce projet d’arrêté scandaleux fait l’objet d’une consultation publique : c’est l’opportunité pour tous les défenseurs de l’océan de dire que nous refusons de voir les dauphins s’échouer sur nos côtes jusqu’à l’extinction.

Pour participer, il suffit d’envoyer un mail pour marquer (fermement mais courtoisement) votre désaccord avec le projet d'arrêté avant le 28 septembre 2023 à l’adresse suivante :

consultations-spmad@developpement-durable.gouv.fr

N’oubliez pas de mettre BLOOM (adresse consultation@bloomassociation.org) en copie de votre message. Cela nous permettra de comptabiliser la mobilisation et de la rendre publique car le système prévu par le gouvernement ne permettra pas de connaître la réponse citoyenne à ce projet de texte désastreux. 

Si vous voulez étoffer vos propos, France Nature Environnement a créé un site extrêmement bien fait avec une liste d’arguments détaillés à faire valoir lorsque vous vous exprimerez. 

Toutes les voix sont bonnes à prendre : les mails experts comme les messages courts venus du cœur. 

Merci infiniment pour votre mobilisation. 

Bien à vous,

Claire

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We have just received this message from the Bloom association signed Claire Nouvian, which we are relaying because it is important. Some rely on the return of a family of dolphins to the harbor of Frioul to ease their conscience. However, I can assure you that in other places we see fewer and fewer dolphins. This is the case today throughout the Adriatic, and it was also the case in Greece a few years ago. I will return to the Aegean Sea at All Saints' Day, then to the Gulf of Corinth and the Ionian Sea in December. I hope to see significant populations of dolphins there again, as I could find there a few years ago (see the video below). I am not very optimistic, the Mediterranean being one of the most heavily fished seas in the world and governments pushing hard against the establishment of sufficient fishing quotas. Certainly these quotas have allowed the return of bluefin tuna to the Mediterranean. But many species are still overfished, and fishermen are now competing with invasive species, particularly Lessepsians, such as barracudas which are increasingly invading the Mediterranean. There is an urgent need to realize that the sea cannot produce as much "sea products" (fish, shellfish, crustaceans, algae, etc.) as we consume (twice too much for an average earthling, three times too much for an average French person). If we do not stop the massacre, we developed countries who murder the sea for our simple pleasure (we can very well do without eating fish), we will deprive a little more than a billion people on the planet of which is their staple diet. The 2018 FAO report is clear on the subject: if we lose marine biodiversity - which we are doing - the consequence of famines will be the appearance of areas of violence and political destabilization across the entire Earth. Already today, the development of piracy zones off the coast of Ivory Coast, Mauritania and Senegal should alert governments to the dangers of trawling, a practice responsible for one in two catches in the world. world, and which should be strictly prohibited worldwide. Unfortunately, the French government, which fought to obtain from the European Commission the right to trawl and dredge in what are ridiculously called Marine Protected Areas, is far from this path.

Good reading !

Philippe Bensimon 

 

 

Vidéo : Dauphins dans le Golfe de Corinthe / dolphins in the Gulf of Corinth

Dauphins dans le Golfe de Corinthe, vidéo prise lors d'une croisière Corfou-Corinthe et retour le 21 avril 2018. Images @ Philippe Bensimon 2018, expédition scientifique et pédagogique Tour des deux Amériques solidaire en voilier. Blog ameriquesvoilier-expeditions.org. Dolphins in the Gulf of Corinth, video taken during a Corfu-Corinth cruise and return on April 21, 2018. Images @ Philippe Bensimon 2018, scientific and educational expedition T2A.