Smoke_East_coast_sentinel3_(cropped, auteur author European Union, Copernicus Sentinel-3 imagery)

13,9 millions d'hectares brûlés au Canada depuis le début de l'année, c'est l'équivalent d'un pays grand comme la Grèce détruit par les flammes. 168.000 personnes déplacées, un millier de foyers actuellement non maîtrisés (source : Antenne 2, JT 18 et 19 août 2023). Voilà ce à quoi on arrive lorsqu'on refuse de s'attaquer aux problèmes qui sont à la source du réchauffement climatique : la surpopulation et la croissance à outrance. La croyance occidentale selon laquelle l'accumulation des richesses crée le bonheur conduit à utiliser toujours plus d'énergies fossiles et à émettre chaque jour d'avantage de gaz à effet de serre, pour permettre à toujours davantage de personnes de consommer davantage de produits.

Les religions monothéistes ont solidement implanté dans l'esprit des gens la croyance totalement erronée selon laquelle Dieu a créé l'Homme à son image et mis le monde à son service - c'est rigoureusement faux. L'homme dépend étroitement d'un écosystème très fragile sans lequel il ne peut pas survivre. Rien que la composition de l'atmosphère a été profondément modifiée par la révolution industrielle, et l'air que nous respirons bon gré mal gré aujourd'hui n'a plus rien à voir avec l'air que respiraient nos arrière grand-parents. Il s'est profondément enrichi en gaz carbonique, passant d'une concentration de  283,4 ppm en 1839 à 421 ppm en mai 2022. C'est terrifiant quand on sait qu'à une concentration de 1100 ppm le CO2 devient neurotoxique pour l'homme.

Nos moyens actuels sont incapables de combattre les incendies qui ravagent le monde (Canada, Ténériffe, Grèce, etc.), et qui vont aller en empirant, en force et en étendue, au fur et à mesure que la température augmente sur la planète. Or, les forêts vivantes stockent le gas carbonique. Lorsqu'elles brûlent, elles relâchent dans l'atmosphère le gaz carbonique qu'elles détenaient, et contribuent ainsi à augmenter encore un peu plus la teneur en gaz à effet de serre de l'atmosphère et le réchauffement climatique. Rien qu'au Canada, les incendies de 2023 ont relâché dans l'atmosphère 1,3 milliard de tonnes d'équivalent CO2 (source : A2, JT 20h 28 août 2023). Un cercle vicieux (ce qu'on appelle aussi une boucle de rétroaction positive) de plus qui va contribuer à accélérer le réchauffement climatique, sans doute bien au-delà des hypothèses de +4° d'ici la fin du siècle sur lesquelles certains travaillent actuellement.

La doctrine économique capitaliste est basée sur l'idée qu'en vendant davantage on peut produire davantage et réaliser des économies d'échelles et des économies d'apprentissages, bref produire à moindre coût et s'enrichir ainsi davantage. La doctrine religieuse du "croissez et multipliez" s'allie parfaitement au capitalisme, en produisant toujours plus de consommateurs. Cette vision étriquée et court-termiste transforme l'homme en parasite de la Terre, parasite qui en se développant finit par tuer son hôte. Or, nous n'avons pas d'autre hôte vers lequel émigrer. Il n'existe pas de "plan B" susceptible de transférer huit milliards d'individus vers une planète susceptible de nous accueillir pour que nous puissions à nouveau la piller.

Bref, il y a une urgence à prendre des décisions radicales pour stopper la croissance démographique, réduire en quelques générations tout au plus le nombre des consommateurs sur la planète, et accepter une "régression" de notre niveau de vie. D'une part c'est indispensable - c'est une question de survie - et d'autre part les gens se rendront compte qu'on vivait beaucoup mieux et beaucoup plus librement il y a cinquante ans que maintenant.

Pour arriver à cela (ralentir le réchauffement, anticiper et s'adapter), il y a une urgence aussi à pénaliser les atteintes au climat, et à condamner à des peines très lourdes les décideurs et les hommes politiques coupables (par action et/ou par inaction) de ces atteintes. Notamment, des discours du type "l'homme passera toujours avant l'environnement" doivent être très lourdement sanctionnés, car ils tuent aussi sûrement que des balles partout dans le monde, au Bangladesh, au Pakistan, en Afrique sub-sahélienne ; ils allument des incendies partout dans le monde, et détruisent l'espérance de vie des générations futures. Tous ceux qui prônent des politiques natalistes doivent être mis dans le même panier - la même prison : ce sont ni plus ni moins que des meurtriers dont les innombrables victimes se lèveront un jour pour réclamer vengeance.

L'homme vit à crédit ; le jour du dépassement avance d'année en année. Il y a une urgence à ce que ce jour retrouve sa place de fin décembre, c'est à dire urgence pour nous à renoncer en gros aux cinq douzièmes de notre consommation - près de la moitié.

Les Etats aussi vivent à crédit en emprutant chaque jour davantage sur les marchés financiers pour rembourser leurs dettes. Il est temps aujourd'hui que cesse cette gigantesque cavalerie, que l'on admette la faillite des Etats et leur incapacité à remplir la tache pour laquelle ils ont été créés (protéger leurs citoyens). La période d'adaptation sera dure, elle sera rude, mais sera d'autant plus dure et rude qu'on retardera le moment inéluctable d'y rentrer.

Philippe Bensimon

Carte des feux de forêt au Canada en 2023 (juillet 2023, auteur author OpenStreetMap et contributeurs, licence ODBL, crooped)

13.9 million hectares burned in Canada since the start of the year is the equivalent of a country the size of Greece destroyed by flames. 168,000 displaced people, a thousand households currently uncontrolled (source: Antenne 2, JT 18 and 19 August 2023). This is what we end up with when we refuse to tackle the problems that are at the source of global warming: overpopulation and excessive growth. The Western belief that the accumulation of wealth creates happiness leads to the use of ever more fossil fuels and the emitting of more greenhouse gases every day, to enable more and more people to consume more products.

Monotheistic religions have firmly implanted in people's minds the totally erroneous belief that God created Man in his image and put the world at his service - this is absolutely false. Man depends closely on a very fragile ecosystem without which he cannot survive. Just the composition of the atmosphere has been profoundly modified by the industrial revolution, and the air that we breathe willy-nilly today has nothing to do with the air that our great-grandparents breathed. It has become deeply enriched in carbon dioxide, going from a concentration of 283.4 ppm in 1839 to 421 ppm in May 2022. It's terrifying when we know that at a concentration of 1100 ppm CO2 becomes neurotoxic for humans. 'man.

Our current means are incapable of fighting the fires which are ravaging the world (Canada, Tenerife, Greece, etc.), and which will get worse, in force and in extent, as the temperature increases on the planet. However, living forests store carbon dioxide. When they burn, they release the carbon dioxide they held into the atmosphere, and thus contribute to further increasing the greenhouse gas content of the atmosphere and global warming. One more vicious circle (what we also call a positive feedback loop) which will contribute to accelerating global warming, undoubtedly well beyond the hypotheses of +4° by the end of the century on which some are working Currently.

The capitalist economic doctrine is based on the idea that by selling more we can produce more and achieve economies of scale and learning economies, in short, produce at lower cost and thus enrich ourselves further. The religious doctrine of "grow and multiply" is perfectly allied with capitalism, producing ever more consumers. This narrow and short-term vision transforms man into a parasite of the Earth, a parasite which, while developing, ends up killing its host. But we have no other host to migrate to. There is no "Plan B" that will transfer eight billion people to a planet that can accommodate us so that we can plunder it again.

In short, there is an urgent need to take radical decisions to stop demographic growth, reduce the number of consumers on the planet in a few generations at most, and accept a “regression” in our standard of living. On the one hand it is essential - it is a question of survival - and on the other hand people will realize that we lived much better and much more freely fifty years ago than now.

To achieve this (slow down warming, anticipate and adapt), there is also an urgency to penalize climate attacks, and to impose very heavy penalties on decision-makers and guilty politicians (by action and/or by inaction) of these attacks. In particular, speeches such as "man will always come before the environment" must be very heavily sanctioned, because they kill as surely as bullets all over the world, in Bangladesh, in Pakistan, in sub-Sahelian Africa; they are setting fires all over the world, and destroying the life expectancy of future generations. All those who advocate pronatalist policies must be put in the same basket - the same prison: they are nothing more and nothing less than murderers whose countless victims will one day rise up to demand revenge.

The man lives on credit; the overshoot day advances from year to year. There is an urgency for this day to return to its place at the end of December, that is to say it is urgent for us to give up roughly five-sixths of our consumption - almost half.

States also live on credit by borrowing more every day on the financial markets to repay their debts. It is now time for this gigantic cavalry to end, for us to admit the bankruptcy of States and their incapacity to fulfill the task for which they were created (to protect their citizens). The period of adaptation will be hard, it will be rough, but will be all the more hard and rough as we delay the inevitable moment of returning there.

Philippe Bensimon

 

Photos : Smoke_East_coast_sentinel3_(cropped, auteur author European Union, Copernicus Sentinel-3 imagery).jpg ; Carte des feux de forêt au Canada en 2023 (juillet 2023, auteur author OpenStreetMap et contributeurs, licence ODBL, crooped)